Action de recherche 4
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Le journalisme, perpétuellement en proie à de multiples crises (d’ordres économique, social et technologique), connaît depuis une dizaine d’années une exacerbation des enjeux émanant de sa relation au politique et à la communication, dans un contexte d’adaptation permanente au numérique.
D’une part, la prolifération de fausses informations éditorialisées provenant d’acteurs variés non journalistes (particulièrement lors de périodes électorales), la multiplication des incriminations publiques à l’égard du journalisme (notamment de la part de personnalités politiques, mais pas que), ainsi que certains choix journalistiques éventuellement contestables ont largement entamé une confiance dans les médias, en baisse continue depuis trente ans. Le journalisme se trouve ainsi dans l’obligation non seulement de se justifier, mais plus encore de se renouveler pour défendre sa légitimité.
D’autre part, la nécessité pour les médias d’atteindre un public, et avec lui une source de revenus (direct ou indirect), a considérablement accru leur dépendance aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Cette dépendance se manifeste depuis longtemps par un assujettissement accru des rédactions et des journalistes aux règles de visibilité dictées par les plateformes numériques qu’ils investissent, mais aussi et plus récemment par l’adoption massive des outils et formats de production de l’information proposés par ces acteurs, voire la souscription à des modes de financement directs. Dans ce contexte, l’action de recherche Transformations éditoriales et professionnelles en journalisme, a pour ambition de comprendre comment cet environnement social, économique et technique participe à l’évolution du journalisme en termes de pratiques et de stratégies éditoriales, de discours et de valeurs (notamment déontologiques), voire d’identités professionnelles.
Pour répondre à ces questions, l’action de recherche articule les approches sociologiques et discursives du journalisme, en croisant méthodes dites qualitatives et quantitatives autour de collectifs de recherche, d’objets d’analyse et de terrains d’enquête relevant des sciences de l’information et de la communication. A cet égard, le Gresec a intégré depuis 2018 le Groupement d'Interêt Scientifique (GIS) journalisme, structure fédérative associant six laboratoires français en Science de l'Information et de la Communication (SIC) dont l’activité porte significativement sur le thème du journalisme. Le GIS se concentre sur deux thèmes qui recouvrent de manière transversale les projets qui animeront l’action de recherche : « journalisme et démocratie » d’une part, « professionnalisation – déprofessionnalisation » d’autre part.
Ces deux facettes du journalisme, celle d’institution démocratique et celle de secteur professionnel et industriel, sont interrogées et mis en perspective par un certain nombre de terrains : celui des médias locaux (via un pan du projet Médias Locaux Démocratie et Internet- MELODI), marqué par l’émergence de nouveaux médias (en ligne ou hors ligne) qui se constituent avec l’ambition de renouveler leur relation aux publics, aux sources et au traitement de l’information ; celui des pure-players (ou médias natifs du web), que l’action de recherche entend appréhender par un travail d’identification exhaustive et de caractérisation des acteurs (projet de base de données des pure players initié par le Gresec) et par la mesure de leur contribution au pluralisme de l’information (participation au projet de l'Agence Nationale pour la Recherche (ANR) Pluralisme de l’Information en Ligne).
Sur le plan des pratiques et des outils l’action de recherche souhaite interroger la manière dont les journalistes investissent des supports et dispositifs qui impliquent des savoir-faire spécifiques, et les enjeux que cela représente pour l’identité professionnelle. En effet, qu’il s’agisse de médias ayant les moyens matériels ou de structures plus précaires, les journalistes mobilisent ou développent des compétences liées à la gestion, à l’informatique, au graphisme, au marketing, à l’événementiel qui se trouvent intégrées dans les rédactions ou à leurs marges par le biais de journalistes formés ou de professionnels avec lesquels ils sont en relation.
Par ailleurs l’individualisation des pratiques journalistiques est questionnée dans la continuité de travaux liés à la dimension auctoriale qui vise plus particulièrement les logiques éditoriales fondées sur les longs formats et les livres de journalistes. Dans ce cadre un projet d’ANR en partenariat avec l’Unité Mixte de Recherche (UMR) Litt et Arts est en cours, dans lequel il s’agit d’interroger les interactions entre reportage, littérature et politique. La part prise par l’action de recherche consistera à traiter le processus d’auctorialisation des journalistes via la création récente du « Prix Albert Londres du livre », et à initier des collaborations avec les chercheur.e.s de ReSIC (Université libre de Bruxelles) et du Crem (Université de Lorraine) spécialisé.e.s sur le journalisme narratif.
Coordination
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