Humanités et numérique : médiations de l’information et traitement des données

Humanités, au pluriel, renvoie à l’ancien et au nouveau, au rapport entre l’homme et le monde, que l’on retrouve entre autres dans la littérature, la philosophie, le cinéma, la photographie, l’image documentaire. Pour y accéder l’individu passe fréquemment par des dispositifs numériques complexes, intermédiaires de fait entre l’objet culturel et lui. La dialectique entre « humanités » et « numérique » permet d’explorer les glissements d’ordre politique, économique et technique qui s’opèrent dans ce domaine.

Cette action de recherche intègre des problématiques liées aux données produites dans le cadre de ces dispositifs. En lien avec les bibliothèques, les archives ou les centres de documentation du privés ou du publics mais aussi l’Ecole et l’université, elle a pour projet d’étudier non seulement leur constitution mais aussi les différents traitements appliqués aux données et à l’information qu’ils contiennent. Elle analyse comment leurs configurations sont influencées par le substrat social dans lequel ils sont utilisés en se focalisant particulièrement sur deux objets : l’image télévisée et les ressources documentaires numériques éducatives et culturelles.

D’une part l’action de recherche explicite les conséquences de l'organisation des fonds (audiovisuels et textuels) sur la réutilisation des images et des textes à partir de différents terrains d’analyse :

• les programmes télévisés et leur rapport avec la sphère scientifique (étude majoritairement centrée sur les images d’astrophysique et de médecine)
• les archives de presse ancienne et le traitement documentaire d'un corpus d'images sur les « aliments-santé »

Elle s’attache à révéler comment ces dispositifs ont une répercussion directe sur les représentations intellectuelles et sur les représentations visuelles recyclées à partir de ces dispositifs, les fonds se structurant en privilégiant certaines formes aux dépens d'autres. Ainsi les phénomènes de sélection des collections et d’accès aux fonds documentaires sseront au cœur de l’analyse. Ces études viseront à mettre en lien la constitution des fonds d’archives et les conséquences de celle-ci sur les formes de communication, journalistique notamment. En effet, pour construire leurs discours, les journalises utilisent des images qui proviennent des fonds à leur disposition. Le choix n’est donc pas exhaustif et, de plus, il est orienté par la structuration du fonds en lui-même et des outils de recherche associés. Dès lors, il apparait que la médiation journalistique est dépendante de la médiation documentaire.

D’autre part, l’action de recherche explore la place occupée par l’usager au sein de ces dispositifs, les données et l’information qu’il produit, qui font l’objet de multiples traitements par les entreprises qui les mettent à disposition des institutions éducatives ou culturelles. Elle questionne la maitrise de ces dernières, qui recommandent l’usage de ces dispositifs sans pour autant avoir accès aux données des usagers ou avoir une lisibilité sur les traitements qui leur sont appliqués. Elle appréhende la dimension éthique et sociale des choix effectués. Les recherches s’appuient sur le recueil et le traitement de traces d’usages, sur l’organisation des dispositifs numériques, sur l’étude des interactions entre acteurs du document, dispositifs et usagers. Les travaux sont menés en concertation avec des partenaires (bibliothèques publiques, établissements scolaires ou universitaires, acteurs de l’audiovisuel, associations, laboratoires de recherche d’autres disciplines, etc.) et s’inscrivent dans une démarche empirique.

Plus globalement, l’objectif de cette action est de contribuer à une réflexion d’ordre méthodologique sur l’articulation entre traces informatiques, discours et pratiques au sein des sciences de l’information et de la communication, voire d’aboutir à des préconisations, dans la production, la diffusion ou l’accès aux données et informations.